L'histoire de Louis Guertin, le premier de nos ancêtres à venir au nouveau monde, fut puisé dans plusieurs sources.
Je tiens à partager, le plus rapidement possible, l'information que j'ai, afin d'obtenir des réactions des personnes intéressées, ce qui peut contribuer à mieux comprendre notre héritage.
À cet effet, je voudrais maintenir cette histoire aussi simple que possible, jusqu'à ce que vous et moi ayons recueilli des informations supplémentaires. En outre, j'omettrai certaines dates, etc., ce qui pourrai générer des discussions entre certains membres du groupe, à savoir si quelque chose s'est produit en 1711 ou 1712, etc.(Nous pourrons le faire plus tard).
S'il s'avère que j'écrive quelque chose sur lequel quelqu'un voudrait élaborer, n'hésitez pas! Envoyez-moi un e-mail et je l'ajouterai sur le site pour que chacun puisse en profiter.
Je veux conserver ceci aussi terre à terre que possible, mais avec des remarques de telle sorte que nous maintenions une certaine précision historique. Par exemple, je me suis permis de ne pas appeler les Iroquois, « barbares » ou « sauvages » ", etc.
11 Novembre 2001
Ce qui suit est tiré de "La Grande Recrue De 1653" et d'autres sources.
Dix ans après sa fondation, Montréal agonise. Le nombre de morts, à la suite des attaques iroquoises, augmente sans cesse. A ce sujet, un témoin a écrit:
" Le Iroquois ont propagé leur fureur et leur cruauté partout au pays, non seulement contre les Algonquins et les Hurons qu'ils ont conquis, mais maintenant ils se tournent vers nos villages français."
Un autre a ajouté:
"... les colons se sentent justifiés de craindre que puisque les Hurons ont été anéanties, ils sont maintenant entourés par les Iroquois."
En 1651, un prêtre a écrit:
"c'est une miracle que les Français de Villemarie n'aient pas été exterminés par les attaques surprises fréquentes qui ont été à plusieurs reprises repoussées."
et un autre a écrit:
" le courage des Français de Villemarie a été une terrible surprise pour les Iroquois à plusieurs occasions... Nous devrons attendre long temps avant que Montréal ne devienne un endroit paisible où vivre. Les Iroquois avaient combattu pendant plusieurs années et les barbaries qu'ils ont commises contre plusieurs de leurs prisonniers sont celles que même le tyran le plus cruel ne pouvait imaginés."
Une religieuse a écrit:
" nous avons vu à plusieurs occasions dix hommes de Villemarie, et parfois moins que cela, combattre coutre des groupes de 50 ou de 80 Iroquois; c'est de cette façon qu'ils ont gagné une grande réputation à travers tout le Canada et en France, et les Iroquois eux-mêmes ont avoué que trois Montréalais avaient plus de courage que six autres adversaires."
C'est de cette minuscule colonie, réduite à environ cinquante habitants, que son fondateur, Monsieur de Maisonneuve, est parti pour la France à l'automne de 1651, en ayant la mission de recruter pas moins de 100 colons. Il avait déjà décidé que s' il ne pouvait pas trouver ceux-ci, il devrait abandonner Villemarie et relocaliser tous les colons à Québec.
Vers la fin de l'été de 1653, les Iroquois avaient conclu des traités de paix avec d'autres tribus et environ 600 guerriers voyageaient à Montréal avec l'objectif d'attaquer et de détruire Villemarie.
Lorsqu'il partit, Monsieur de Maisonneuve espérait revenir en juillet 1652.
Pour compléter la colonie, il recherchait de jeunes hommes robustes et courageux, familiers avec les armes et possédant une profession utile et nécessaire. Et sincèrement catholique!
Il a engagé M. de la Dauversière pour l'aider à faire l'enrôlement des hommes entre mars, avril et mai de 1653. Il avait organisé le recrutement en Picardie, en Champage, en Normandie, à Ile de France, en Touraine et en Bourgogne, mais principalement dans le Maine et l'Anjou et surtout dans la région environnante de La Flèche. Les volontaires devaient conclure un contrat chez un notaire avec la " Compagnie de Montréal ".
Les colons de la région de La Flèche, au nombre de 119, en plus de 34 venant d'ailleurs, ont porté le total à 153.
Les hommes s'engageaient pour une période de trois à cinq ans avec leur passage et un salaire, selon leur profession, payé par La Compagnie de Montréal.
Les recrues ont reçu une avance sur leur salaire afin de régler leurs affaires avant de partir.
Chaque colon avait promis de se présenter pour l'embarquement sur le Saint-Nicholas-de-Nantes, commandé par Pierre le Besson, propriété de M.Charles Le Coq, sieur de Beaussonnière. La date de départ fut fixée pour le dernier jour d'avril 1653, au port de St-Nazaire.
(Il y a maintes discussions et au moins un ou deux documents écrits sur le nombre réel de colons, mais je m'en tiendrai à ce qui suit.)
Des 153 recrues, 50 ne se sont pas présentées pour le départ, en laissant donc 103. Des 103, 8 sont mortes pendant la traversée, portant le nombre à 95. De ces 95, 24 étaient destinées à être massacrées par les Iroquois, 4 sont mortes noyées accidentellement et une autre périt dans un feu. Moins de 49 ont laissé finalement des héritiers (jamais marié, retourné en France après la période d'enrôlement, etc.), et 29 d'entre elles se sont jointes à la milice St-Famille en 1663.
Le rôle pour le recrutement pris au quai de St-Nazaire énumère les salaires annuels pour les recrues et le montant avancé.
" A Louis Gueretin la somme de soixante et quatorze livres, quatre sols, huit deniers"
De plus, il est apparaît sur la liste comme étant engagé pour une somme de 60 livres par an et accuse la réception des 74 livres comme avance. Il avait été employé comme:
"Guertin dit le Sabotier, Louis, défricheur et sabotier."
Un défricheur est quelqu'un qui rend propre à la culture un terrain. Un sabotier est un fabricant de chaussures faites d'une pièce de bois creusée ou simplement à semelle de bois. De quel genre de bottes ou de chaussures, je n'en suis pas sûr. Les chaussures en bois que chacun associe à la Hollande, s'appellent également " sabots " et ne sont pas exclusives à la Hollande mais peuvent avoir été ce que nous pensons être des chaussures ou des bottes.
Louis a signé son contrat le 24 avril 1653 et la reconnaissance d'avoir reçu une avance le 20 juin 1653, le même jour que le Saint-Nicholas-de-Nantes quitta St-Nazaire.
Soeur Marguerite Bourgeois, qui était à bord, a écrit:
"à peine avait-on levé l'ancre qu'on s'aperçut que le navire était pourri et faisait eau de toutes parts!"
Avant même que le bateau n'ait été à 350 lieues en mer, il avait décidé qu'il était trop dangereux de naviguer et qu'il était plus prudent de retourner au port et d'affréter un autre bateau. Il s'est avéré difficile de trouver un autre bateau dans un délai si court et, en attendant, Monsieur de Maisonneuve débarqua tous les soldats sur une île pour s'assurer qu'ils ne déserteraient pas. Aucun ne le fit . Le bateau (nom perdu dans l'histoire) est finalement parti le 20 juillet 1653.
Louis apparaît sur la liste comme étant le passager numéro 70. A titre de curiosité, qu'est-il arrivé ou était pour arriver à ses compagnons de voyage? Bien...:
Le traversée dura 60 jours. Tel que mentionné ci-dessus, 8 recrues sont morts pendant la traversée. Le bateau arriva à Québec le 22 septembre 1653, où des tentatives furent faites par les habitants locaux pour convaincre les colons de débarquer et de s'établir à Québec. (Comment pouvaient-ils résister? Dans la haute ville, il y avait cinq ou six maisons et dans la basse ville, deux magasins!) Toutefois, aucun n'accepta.
Après plus de dix ans d'existence, les habitants de Québec voyaient toujours Montréal comme "une folle entreprise" et ils refusèrent de fournir à Monsieur de Maisonneuve des barques pour voyager en amont. Le navire qu'ils avaient utilisé pour la traversée était trop gros pour voyager plus loin sur le fleuve et nécessitait apparemment tellement de réparations qu'il fût brûlé là où il flottait afin de s'en débarrasser! Le mois d'octobre passa à chercher de plus petits bateaux pour naviguer en amont. Les autorités donnèrent finalement leur accord et les colons arrivèrent à Villemarie le 16 novembre 1653, deux années complètes après que Monsieur de Maisonneuve ait quitté la ville pour aller chercher des renforts.
Ce qui suit est une liste quasi chronologique des évènements. A cette égard, si une date donnée dans un paragraphe est 1660, suivi d'un texte non daté, puis d'un autre daté, on peut supposer que l'ordre est approximativement correct.
Trois ans après son arrivée, Monsieur de Maisonneuve accorda à Louis une parcelle de terre, soit le 10 décembre 1656. Cette terre mesurait deux arpents le long du fleuve par quinze arpents de profondeur. Elle serait aujourd'hui délimitée en longueur par les rues Dorion et Papineau, et en profondeur entre les rues Logan et De Montigny.
De la "La Grande Recrue de 1653", nous découvrons que Louis était un "Concessionnaire de Villemarie le 10 décembre 1656". (Georges Christman nous informe que "Concessionnaire" signifie "détenteur d'une parcelle de terre". D'autres peuvent m'avoir signalé ceci également, mais le e-mail de Georges m'a forcé à faire le changement.)
Jean Oliver a signé "une reconnaissance" pour lui le 6 février 1658 et Pierre Gadois lui a loué une vache le 9 décembre 1660. J'ai des soupçons sur ce que cela veut dire, mais je vais retenir mes commentaires pour le moment, même si c'est assez explicite. (Georges Christman nous informe également que "la reconnaissance" est un billet à ordre en d'autres termes un I.O.U.)
Encore, selon cette référence, il s'est engagé par contrat à se marier devant le notaire Basset le 6 octobre 1659 (ceci était une pratique courante). Son épouse devait être Marie Madeleine Élisabeth Le Camus, fille de Pierre et Jeanne Charas (ou Charles) de St-Sauveur de Paris. Pierre est décrit comme étant médecin ou négociant (peut-être les deux?).
Permettez-moi une parenthèse: ces personnes étaient des catholiques assez stricts et la plupart des enfants nés de ce mariage allaient automatiquement être appelés "Marie quelque chose" ou autre. C'est pourquoi nous sommes très confus surtout quand les familles se composent de 10 ou 12 enfants et que, 300 ans après les faits, nous essayons d'en faire la généalogie.
Élisabeth Le Camus est arrivée au Canada avec la deuxième "Recrue" de 1659 le 29 septembre; ainsi, à l'âge 14 ans, elle avait déjà promis par contrat de se marier dans les six à dix jours suivants! "La Grande Recrue" énonce qu'ils se sont mariés le 26 janvier 1659 dans le paroisse Notre-Dame de Montréal, ce qui est évidemment une erreur. La date du mariage est ailleurs rapportée comme étant le 26 octobre 1659. Ainsi, ils se sont mariés moins d'un mois après qu'elle soit arrivée au Canada.
Louis s'est engagé dans la "milice de la Sainte-Famille" en tant que soldat dans le 19ième escadron (peloton). Monsieur de Maisonneuve avait formé la milice en 1663 afin de contrer les attaques iroquoises. La milice était composée de 20 pelotons, mais le 19ème était composé de:
Ce dit recensement énonçait que Louis avait 31 ans et était un habitant et qu'Élisabeth avait alors 21 ans. Il montre également que ses voisins sont Pierre Dardenne et Marin Hurtubise. Ses enfants se nommaient " Élisabeth 5, Marie 4, Catherine 2."
Ce recensement incluait ceci: 4 bêtes et 14 arpents en valeur.
En 1673, nous pouvons voir qu'il dut payer une taxe de "deux livres" sur le rôle de taxation de Montréal.
Le 19 août 1678, Louis fut appelé comme témoin contre Valliquet dit Laverdure, accusé de couper le blé dans les prés du Seigneur sans permission. Cet homme mérite sa propre histoire, car il était le caporal de Louis dans la milice!
Élisabeth mourut et fut enterrée le 20 juillet 1680.
Au recensement de 1681, Louis avait 50 ans et ses enfants sont Catherine 17, Louis 14, Madeleine 12, Pierre 9, Eustache 8, Angelique 6, Francois 3, et Paul 1. Il possède un pistolet, "trois bêtes à cornes" (du bétail ou des boeufs?) et trente arpents en valeur. Trois autres de ses filles s'étaient déjà mariées et avaient quitté la maison.
Sans connaître les documents réels cités ici, il semble que Louis a dû lutter du mieux qu'il pouvait puisqu'il a dut louer sa terre et contracter un prêt pour pouvoir survivre. Quand il mourut en 1687, son plus jeune enfant, Paul, n'avait seulement que sept ans, mais sa fille la plus âgée avait environ 28 ans. Ainsi, certains des documents juridiques se rapportant aux mineurs montrent qu'ils sont allés vivre chez des parents.
© 1996-2000 Dennis Guertin.
© 2001 Dennis Guertin et Gilles Guertin.