Arbre Généalogique Guertin Rondeau Family Tree - Person Sheet
Arbre Généalogique Guertin Rondeau Family Tree - Person Sheet
NameNicolas Giard dit St-Martin 
Birth14 Aug 1639, Notre-Dame, Poitou, France2
Deathaft 21 Aug 1712, Montréal, Québec, Canada3
FatherLouis Giard
MotherMichelle David
Spouses
Birthabt 1646, Saint-Jacques, Troyes, Champagne, France2
FlagsBiography, Fille du Roi
FatherJean Prat
MotherAgnes Lejeune
Marriage17 Nov 1665, Notre-Dame-De-Montréal, Montréal, Québec, Canada2
ChildrenMarie-Anne (1672->1743)
Notes for Nicolas Giard dit St-Martin
13Arrivé a Québec le 6 Aout 1658
Notes for Marie-Claude (Spouse 1)
20,2Marie-Claude was a " Filles du Roi. " Arrivée en Nouvelle France en 16653
20Claude Prat (vers 1646-1712)
Autre graphie : Pratte.
On était en 1665. C’était toute une aventure de quitter la région de Champagne, au sud-est de Paris, pour se rendre jusqu’ à la mer et prendre le bateau. Claude avait autour de dix-neuf ans. On ne connaît pas ses motivations, mais il fallait du cran pour que la fille de Jean Prat et d’Agnès Lejeune de la paroisse Saint-Jacques de Troyes adhère au projet que proposait le recruteur ou le curé, de partir s’établir au loin, en compagnie d’autres femmes, dans des conditions plus que précaires et probablement sans trop de possibilité de retour. Une aventure de jeunes qui croient que la vie est généreuse pour ceux qui lui font confiance.
Avec près de 90 autres Filles du Roy et 30 engagés, elle s’embarque sur un navire qu’on croit être le Saint-Jean-Baptiste, pour le grand voyage qui la mènera en Nouvelle-France. Le 18 juin, le navire mouille devant Québec. Exténué, en appétit de nourriture et de liberté, l’équipage descend. Et c’est là que commence la découverte d’un monde nouveau. Contrairement à certaines autres filles, Claude ne connaît personne, si ce n’est les amies qu’elle s’est faite sur le bateau. Les religieuses sont là pour l’accueillir et lui fournir le gîte et tout ce qu’il faut pour la réconforter et la revigorer.
On manque de sources pour connaître les raisons pour lesquelles certaines filles se dirigeaient vers Montréal ou Trois-Rivières alors que d’autres s’établissaient à Québec ou dans les environs. Pour Claude Prat, ce fut à Montréal. Et à l’automne elle choisit de se marier à un homme qui connaît bien le pays : Nicolas Giard dit Saint-Martin (autres graphies Giac. Guiart, Gyard). Celui-ci s’était engagé, à 23 ans, le 15 mai 1658 à La Rochelle envers François Perron, devant le notaire Cherbonnier, pour trois ans, à 75 livres par an dont 35 d’avance. Il était le fils de Louis Giard (Giac ) et de Michelle David de la paroisse de Melleran de Lacoussardière dans le Poitou. Était-il huguenot ? Il y avait une communauté huguenote à Melleran. Il avait été confirmé une fois rendu en Nouvelle-France, le 10 août 1659 par M gr Laval.
Nicolas et Claude se marient à l’église catholique Notre-Dame de Montréal le mardi 17 novembre 1665. Le 21 novembre 1662, Nicolas avait promis aux Sulpiciens qu’il défricherait et cultiverait la terre qu’ils lui avaient concédée le 6 avril précédent à la côte Saint Martin, située dans l’Hochelaga-Maisonneuve d’aujourd’hui. Une concession de 2 arpents de front sur 15 arpents de profondeur. À l’automne où ils se sont mariés, Nicolas avait eu le temps de construire sa cabane en pieux debout ou peut-être une maison en pièce sur pièce pour accueillir sa future. Lui et Claude ont dû trimer dur les deux premières années car, au recensement de 1667, ils ont déjà 7 arpents en valeur. Claude devait être enceinte à cette époque puisque leur premier-né, Antoine, vient au monde le 31 août 1666. Malheureusement, il mourra dans l’année. Puis naîtra Élisabeth, le 20 septembre 1667. Catherine, le 25 février 1670. Marie Anne, le 13 novembre 1672. Gabriel, le 15 avril 1675. Jean, le 26 juin 1677 qui ne vivra que quatre jours. Il meurt le 30 juin 1677. Puis Françoise, le 20 septembre 1678.
La famille va bon train, le défrichage aussi, le jardin, le bois de foyer, les semences, les moissons, la traite des deux vaches. Le 28 décembre 1670, les seigneurs de l’île, les Sulpiciens, leur avaient concédé une augmentation de trente arpents à leur habitation. On n’entretient pas une telle famille et une maison, ni n’assure une fermette, sans parfois arriver dans le rouge à la fin de l’année. Le 17 décembre 1673 les Giard-Prat s’entendent avec leurs seigneurs pour constituer une rente annuelle de 6 livres et 6 sols pour venir à bout de la dette de 126 livres qu’ils ont envers eux. Pendant ce temps les filles grandissent et aident aux dures tâches quotidiennes. En 1681, Elisabeth a quatorze ans, Catherine douze, Marie Anne neuf, Gabriel sept et Françoise trois. Au recensement de cette année-là, Nicolas Giard et sa famille possèdent deux bêtes à cornes et douze arpents de terre en valeur.
En 1684, la famille sera au complet. Le 10 septembre, Claude mettra au monde son dixième et dernier enfant, Michelle, à l’âge d’environ 38 ans. Auparavant, le 21 janvier 1681, elle avait donné naissance à Jeanne et, le 28 mars 1682, à Antoine. Jeanne n’a vécu que quatre mois. Claude aura donc perdu deux de ses bébés. Quelques années plus tard, ce sont les bébés de ses grandes filles qui naîtront. Élisabeth se marie le 23 août 1688. Catherine, le 20 novembre 1690. Marie Anne le 11 avril 1695. Comme leurs premiers enfants sont nés et baptisés à Montréal, Claude a sûrement eu la chance de les câliner. On ne sait pas ce qu’il est advenu de Françoise, née en 1678 et de Michelle, née en 1684. On ne peut retracer, pour elles, aucun acte de mariage ni de décès.
Le suivant à quitter la maison et à se marier est Gabriel qui s’unit à Marie Catherine Andegrave Champagne, le 12 janvier 1699 à Montréal. On ne sait trop ce qui s’est passé dans la tête de tout ce beau monde pour que quinze jours plus tôt, le 30 décembre 1698, Nicolas Giart et Claude Prat vendent à leur fils Gabriel leur terre de 60 arpents en superficie ainsi que leur maison et leurs bâtiments pour la somme de 1 000 livres. Ainsi que deux bœufs de labour et trois cochons pour la somme de 200 livres que leur fils leur paie comptant. Comment se fait-il qu’ils se soient « donnés » à leur fils aussi tôt dans leur vie ? Gabriel hypothèque tous ses biens le jour même du contrat dans le but de couvrir sa dette envers ses parents. Et il promet de les loger et de les nourrir jusqu’à leur décès.
La femme de Gabriel, Marie Catherine Andegrave, va désormais tenir maison. La belle-mère Claude saura-t-elle se laisser tout bonnement entretenir ? Sans oublier que la jeune maîtresse de maison donnera naissance à une fille, Marie Catherine, le 14 janvier 1700.
L’hiver n’est pas encore terminé que Claude et Nicolas n’en peuvent plus. Prétendant que Gabriel ne remplit pas ses promesses de les nourrir comme il était convenu, ils annulent le 20 avril 1700 la vente précédente. Pour compenser leur fils, ils s’engagent à lui rembourser 300 livres, 4 minots de blé et 40 livres de lait. Et ils reprennent leur habitation. Le 12 décembre suivant, ils achètent un bout de terre de leur voisin Nicolas Gaudry pour la somme de 6 livres tournois et huit minots de blé. Sans doute continuent-ils à habiter leur maison. Ils louent leur terre pour trois ans au même Nicolas Gaudry le 6 avril 1704, moyennant 25 minots de blé et 5 minots de pois par année. Le 4 juillet 1706, le bail sera cédé à Charles Cabazié pour trois ans dans les mêmes conditions. Et le 11 août 1712 ce sera leur gendre Nicolas Jetté, le mari de Catherine, et leur fils Antoine qui géreront la location de la terre pour trois autres années à Louis Gervaise pour 30 minots de blé par année.
En 1712, les enfants ont tous quitté la maison. À moins qu’Antoine qui s’était engagé pour l’Ouest le 5 juin 1707 ne se soit installé à la maison en revenant. Il est présent au deuxième mariage de son frère Gabriel, le 21 juillet 1710. Ce dernier aussi s’est engagé pour l’Ouest le 30 mai 1705 alors qu’il a pourtant quatre enfants. A-t-il passé un contrat de six mois, de deux ans, ou plus ? Chose certaine, c’est que son épouse, Marie Catherine Andegrave Champagne, décède à Contrecœur le 29 avril 1710 et qu’il se remarie à Contrecœur avec Geneviève Favreau Deslauriers le 21 juillet 1710. En 1717, Gabriel se remariera une troisième fois. Claude est alors décédée depuis cinq ans.
Les garçons de Claude lui ont fait vivre toutes sortes d’émotions durant les dernières années de sa vie. Elle et Nicolas se sont soutenus mutuellement pour y faire face. Le 11 août 1712, ils ont signé un étonnant contrat devant le notaire Raimbeault : en l’absence de contrat de mariage, ils se sont fait un don mutuel de leurs biens. Claude mourra dix jours plus tard. Elle sera inhumée à Montréal le 21 août 1712 à l’âge de soixante et quelques années. Son mari Nicolas lui survivra. Nous ne connaissons pas cependant la date de son décès.
Claude et Nicolas ont vu naître vingt-huit de leur quaranteneuf petit-enfants. Trente-deux d’entre eux se sont mariés. Ça fait beaucoup de petit monde qui sont nés avec les gènes de leurs grands-parents, héritant ainsi de quelque chose comme leur audace, leur goût de la vie et de l’aventure, leur manière de se comporter avec les petits, leur façon d’aimer les humains, les choses, la nature et finalement leur croyance. C’est toute une culture qu’ils ont perpétuée et dont une parcelle s’est rendue jusqu’à nous.
Descendance :
1. Élisabeth Giard s’est mariée avec Jacques Danquel Lamarche le 23 août 1688 à Montréal.
• Ils n’ont eu qu’une enfant, Jeanne Elisabeth, qui ne s’est pas mariée.
2. Catherine Giard s’est mariée avec Nicolas Jetté le 20 novembre 1690 à Montréal. Ils eurent 14 enfants dont 6 se sont mariés :
• Catherine à Jean Baptiste Boulerice le 9 janvier 1719 à Montréal.
• Marie Barbe à Simon Mongino le 22 octobre 1742 à Montréal.
• Nicolas à Marie Catherine Richard le 3 février 1728 à SaintFrançois de Longue-Pointe.
• Jean Baptiste à Marie Élisabeth Malaxe Lamarre le 6 juin 1735 à Montréal.
• Geneviève Thérèse à Séraphin Lauzon le 30 juillet 1731 à Montréal.
• Pierre à Marie Louise Marcot le 1 er août 1768 à Montréal.
3. Marie Anne Giard s’est mariée avec Pierre Guertin le 11 avril 1695 à Montréal. Ils eurent 12 enfants, dont 8 se sont mariés
• Gabriel à Marie Françoise Tétreau le 7 janvier 1723 à Contrecœur.
• Pierre à Marie Angélique Bory Grandmaison le 24 février 1721 à Contrecœur.
• Marie Catherine à Pierre Chagnon Larose le 7 novembre 1718 à Contrecœur.
• Marie Françoise à Pierre Daudelin le 7 juin 1724 à Verchères
• Maurice à Marie Anne Duhamel Sansfaçon le 15 août 1736 à Saint-Sulpice.
• Marie Rose à Daniel Chavigny Durand le 7 novembre 1740 à Saint-Sulpice.
• Marie Charlotte Charles à Jean Baptiste Laporte le 25 février 1743 à Saint-Sulpice.
4. Gabriel Giard s’est marié une première fois avec Marie Catherine Andegrave Champagne le 12 janvier 1699 à Montréal. Ils eurent 5 enfants, dont 3 se sont mariés.
• Marie Catherine à Nicolas Bonin le 24 octobre 1718 à Contrecœur.
• Louis à Marie Louise Benoit Livernois le 22 janvier 1731 à Verchères.
• Marie Charlotte à François Dragon Guay le 1 er février 1723 à Contrecœeur.
Gabriel Giard s’est remarié, cette fois avec Geneviève Favreau Deslauriers le 21 juillet 1710 à Contrecœur. Ils eurent trois enfants. Deux se sont mariés.
• François Richard à Marie Catherine Gareau Stonge le 13 avril 1750 à Contrecœur.
• Marie Antoinette à François Meunier Lapierre le 11 janvier 1740.
Gabriel Giard s’est encore remarié, cette dernière fois avec Suzanne Ménard Laporte le 5 octobre 1717 (on ignore la paroisse). Ils eurent 13 enfants. Onze se sont mariés.
• Basile à Marie Véronique Meunier Lapierre le 7 janvier 1744 à Contrecœur.
• Marie Cécile à Paul Meunier Lapierre le 7 janvier 1744 à Contrecœur.
• Félix à Marie Charlotte Langlois Germain le 19 octobre 1747 à Québec.
• Marie Suzanne à Joseph Gareau Stonge le 27 septembre 1745 à Contrecœur.
• Antoine Marie à Marie Angélique Amable Lamoureux le 8 janvier 1759 à Contrecœur.
• Marie Amable à Joseph Mercier le 7 octobre 1754 à Contrecœur.
• Gabriel à Marie Madeleine Lecompte Lavimodiere le 10 janvier 1757 à Contrecœur.
• Marie Suzanne à Joseph Lamoureux le 11 novembre 1754 à Contrecœur.
• Marie Angélique à Nicolas Dupont le 8 novembre 1751 à Contrecœur.
• Marie Josephe à Joseph Marie Chatel le 7 novembre 1757 à Contrecœur.
• Marie Marguerite à Pierre Bonin le 27 novembre 1758 à Contrecœur.
5. Antoine Giard s’est marié avec Marie Anne Lafontaine le 12 octobre 1734 à Kaskaskia. Ils eurent un enfant, Marie Catherine, qui s’est mariée à Jean Gabriel Serre le 24 janvier 1764 à Kaskaskia, au sud de la ville de Saint-Louis.
Rédaction : Yves Chevrier Recherche : Michelle Desfonds20
13GIARD, Nicolas (Louis & Michelle DAVID [2367]), né/born lieu dit de la Coussardière com Melleran, baptisé/baptized 1639-08-14 Melleran (Notre-Dame) (Deux-Sèvres : 79175)
* mariés/married 1665-11-17 Montréal
PRATTE, Claude (Jean & Agnès LEJEUNE [4354]), fille du roi (landry 359, dumas 317)/King's daughter (landry 359, dumas 317), née/born vers 1648 (rec. 1667), 1651 (rec. 1681) ou 1647 (sép. 1712)/about 1648 (census 1667), 1651 (census 1681) or 1647 (burial 1712) Troyes (Saint-Jean) (Aube : 10387), inhumée/buried 1712-08-21 Montréal
ADNmt/mtDNA prédite/predicted (lignée par les femmes/by female descendance only) : signature ci-dessous/signature below
1) Antoine, baptisé/baptized 1666-08-31 Montréal
2) Élisabeth, baptisée/baptized 1667-09-20 Montréal, inhumée/buried 1734-12-31 Pointe-aux-Trembles, marié/married Montréal 1688-08-23 Jacques DANQUEL ou DANGUEUIL dit LAMARCHE
3) Catherine, baptisée/baptized 1670-02-25 Montréal, décédée/dead 1755-10-06, inhumée/buried 1755-10-07 Montréal, marié/married Montréal 1690-11-20 Nicolas JETTÉ
4) Marie Anne, baptisée/baptized 1672-11-13 Montréal, marié/married Montréal 1695-04-11 Pierre GUERTIN
5) Gabriel, baptisé/baptized 1675-04-15 Montréal, décédé/dead 1753-02-10, inhumé/buried 1753-02-12 Contrecoeur, marié/married Montréal 1699-01-12 Catherine ANDEGRAVE, marié/married Contrecoeur 1710-07-21 Geneviève FAVREAU, marié/married (Québec) 1717 Suzanne MÉNARD dit LAPORTE
6) Jean, baptisé/baptized 1677-06-26 Montréal, inhumé/buried 1677-06-30 Montréal
7) Françoise, baptisée/baptized 1678-09-20 Montréal
8) Jeanne, née/born 1681-01-21, baptisée/baptized 1681-01-22 Montréal, décédée/dead 1681-05-28, inhumée/buried Montréal
9) Antoine, né/born 1682-03-28, baptisé/baptized 1682-03-28 Montréal, marié/married Kaskaskias (Illinois) 1734-10-12 Marianne LAFONTAINE ou DE LAFONTAINE
10) Michelle, baptisée/baptized 1684-09-10 Montréal
Bibliographie/Bibliography: Institut Francophone de Généalogie et d'Histoire (organisme dissous); La place des Aubois dans la colonisation de la Nouvelle-France; PRDH-RAB
20Claude Prat (vers 1646-1712)
Autre graphie : Pratte.
On était en 1665. C’était toute une aventure de quitter la région de Champagne, au sud-est de Paris, pour se rendre jusqu’ à la mer et prendre le bateau. Claude avait autour de dix-neuf ans. On ne connaît pas ses motivations, mais il fallait du cran pour que la fille de Jean Prat et d’Agnès Lejeune de la paroisse Saint-Jacques de Troyes adhère au projet que proposait le recruteur ou le curé, de partir s’établir au loin, en compagnie d’autres femmes, dans des conditions plus que précaires et probablement sans trop de possibilité de retour. Une aventure de jeunes qui croient que la vie est généreuse pour ceux qui lui font confiance.
Avec près de 90 autres Filles du Roy et 30 engagés, elle s’embarque sur un navire qu’on croit être le Saint-Jean-Baptiste, pour le grand voyage qui la mènera en Nouvelle-France. Le 18 juin, le navire mouille devant Québec. Exténué, en appétit de nourriture et de liberté, l’équipage descend. Et c’est là que commence la découverte d’un monde nouveau. Contrairement à certaines autres filles, Claude ne connaît personne, si ce n’est les amies qu’elle s’est faite sur le bateau. Les religieuses sont là pour l’accueillir et lui fournir le gîte et tout ce qu’il faut pour la réconforter et la revigorer.
On manque de sources pour connaître les raisons pour lesquelles certaines filles se dirigeaient vers Montréal ou Trois-Rivières alors que d’autres s’établissaient à Québec ou dans les environs. Pour Claude Prat, ce fut à Montréal. Et à l’automne elle choisit de se marier à un homme qui connaît bien le pays : Nicolas Giard dit Saint-Martin (autres graphies Giac. Guiart, Gyard). Celui-ci s’était engagé, à 23 ans, le 15 mai 1658 à La Rochelle envers François Perron, devant le notaire Cherbonnier, pour trois ans, à 75 livres par an dont 35 d’avance. Il était le fils de Louis Giard (Giac ) et de Michelle David de la paroisse de Melleran de Lacoussardière dans le Poitou. Était-il huguenot ? Il y avait une communauté huguenote à Melleran. Il avait été confirmé une fois rendu en Nouvelle-France, le 10 août 1659 par M gr Laval.
Nicolas et Claude se marient à l’église catholique Notre-Dame de Montréal le mardi 17 novembre 1665. Le 21 novembre 1662, Nicolas avait promis aux Sulpiciens qu’il défricherait et cultiverait la terre qu’ils lui avaient concédée le 6 avril précédent à la côte Saint Martin, située dans l’Hochelaga-Maisonneuve d’aujourd’hui. Une concession de 2 arpents de front sur 15 arpents de profondeur. À l’automne où ils se sont mariés, Nicolas avait eu le temps de construire sa cabane en pieux debout ou peut-être une maison en pièce sur pièce pour accueillir sa future. Lui et Claude ont dû trimer dur les deux premières années car, au recensement de 1667, ils ont déjà 7 arpents en valeur. Claude devait être enceinte à cette époque puisque leur premier-né, Antoine, vient au monde le 31 août 1666. Malheureusement, il mourra dans l’année. Puis naîtra Élisabeth, le 20 septembre 1667. Catherine, le 25 février 1670. Marie Anne, le 13 novembre 1672. Gabriel, le 15 avril 1675. Jean, le 26 juin 1677 qui ne vivra que quatre jours. Il meurt le 30 juin 1677. Puis Françoise, le 20 septembre 1678.
La famille va bon train, le défrichage aussi, le jardin, le bois de foyer, les semences, les moissons, la traite des deux vaches. Le 28 décembre 1670, les seigneurs de l’île, les Sulpiciens, leur avaient concédé une augmentation de trente arpents à leur habitation. On n’entretient pas une telle famille et une maison, ni n’assure une fermette, sans parfois arriver dans le rouge à la fin de l’année. Le 17 décembre 1673 les Giard-Prat s’entendent avec leurs seigneurs pour constituer une rente annuelle de 6 livres et 6 sols pour venir à bout de la dette de 126 livres qu’ils ont envers eux. Pendant ce temps les filles grandissent et aident aux dures tâches quotidiennes. En 1681, Elisabeth a quatorze ans, Catherine douze, Marie Anne neuf, Gabriel sept et Françoise trois. Au recensement de cette année-là, Nicolas Giard et sa famille possèdent deux bêtes à cornes et douze arpents de terre en valeur.
En 1684, la famille sera au complet. Le 10 septembre, Claude mettra au monde son dixième et dernier enfant, Michelle, à l’âge d’environ 38 ans. Auparavant, le 21 janvier 1681, elle avait donné naissance à Jeanne et, le 28 mars 1682, à Antoine. Jeanne n’a vécu que quatre mois. Claude aura donc perdu deux de ses bébés. Quelques années plus tard, ce sont les bébés de ses grandes filles qui naîtront. Élisabeth se marie le 23 août 1688. Catherine, le 20 novembre 1690. Marie Anne le 11 avril 1695. Comme leurs premiers enfants sont nés et baptisés à Montréal, Claude a sûrement eu la chance de les câliner. On ne sait pas ce qu’il est advenu de Françoise, née en 1678 et de Michelle, née en 1684. On ne peut retracer, pour elles, aucun acte de mariage ni de décès.
Le suivant à quitter la maison et à se marier est Gabriel qui s’unit à Marie Catherine Andegrave Champagne, le 12 janvier 1699 à Montréal. On ne sait trop ce qui s’est passé dans la tête de tout ce beau monde pour que quinze jours plus tôt, le 30 décembre 1698, Nicolas Giart et Claude Prat vendent à leur fils Gabriel leur terre de 60 arpents en superficie ainsi que leur maison et leurs bâtiments pour la somme de 1 000 livres. Ainsi que deux bœufs de labour et trois cochons pour la somme de 200 livres que leur fils leur paie comptant. Comment se fait-il qu’ils se soient « donnés » à leur fils aussi tôt dans leur vie ? Gabriel hypothèque tous ses biens le jour même du contrat dans le but de couvrir sa dette envers ses parents. Et il promet de les loger et de les nourrir jusqu’à leur décès.
La femme de Gabriel, Marie Catherine Andegrave, va désormais tenir maison. La belle-mère Claude saura-t-elle se laisser tout bonnement entretenir ? Sans oublier que la jeune maîtresse de maison donnera naissance à une fille, Marie Catherine, le 14 janvier 1700.
L’hiver n’est pas encore terminé que Claude et Nicolas n’en peuvent plus. Prétendant que Gabriel ne remplit pas ses promesses de les nourrir comme il était convenu, ils annulent le 20 avril 1700 la vente précédente. Pour compenser leur fils, ils s’engagent à lui rembourser 300 livres, 4 minots de blé et 40 livres de lait. Et ils reprennent leur habitation. Le 12 décembre suivant, ils achètent un bout de terre de leur voisin Nicolas Gaudry pour la somme de 6 livres tournois et huit minots de blé. Sans doute continuent-ils à habiter leur maison. Ils louent leur terre pour trois ans au même Nicolas Gaudry le 6 avril 1704, moyennant 25 minots de blé et 5 minots de pois par année. Le 4 juillet 1706, le bail sera cédé à Charles Cabazié pour trois ans dans les mêmes conditions. Et le 11 août 1712 ce sera leur gendre Nicolas Jetté, le mari de Catherine, et leur fils Antoine qui géreront la location de la terre pour trois autres années à Louis Gervaise pour 30 minots de blé par année.
En 1712, les enfants ont tous quitté la maison. À moins qu’Antoine qui s’était engagé pour l’Ouest le 5 juin 1707 ne se soit installé à la maison en revenant. Il est présent au deuxième mariage de son frère Gabriel, le 21 juillet 1710. Ce dernier aussi s’est engagé pour l’Ouest le 30 mai 1705 alors qu’il a pourtant quatre enfants. A-t-il passé un contrat de six mois, de deux ans, ou plus ? Chose certaine, c’est que son épouse, Marie Catherine Andegrave Champagne, décède à Contrecœur le 29 avril 1710 et qu’il se remarie à Contrecœur avec Geneviève Favreau Deslauriers le 21 juillet 1710. En 1717, Gabriel se remariera une troisième fois. Claude est alors décédée depuis cinq ans.
Les garçons de Claude lui ont fait vivre toutes sortes d’émotions durant les dernières années de sa vie. Elle et Nicolas se sont soutenus mutuellement pour y faire face. Le 11 août 1712, ils ont signé un étonnant contrat devant le notaire Raimbeault : en l’absence de contrat de mariage, ils se sont fait un don mutuel de leurs biens. Claude mourra dix jours plus tard. Elle sera inhumée à Montréal le 21 août 1712 à l’âge de soixante et quelques années. Son mari Nicolas lui survivra. Nous ne connaissons pas cependant la date de son décès.
Claude et Nicolas ont vu naître vingt-huit de leur quaranteneuf petit-enfants. Trente-deux d’entre eux se sont mariés. Ça fait beaucoup de petit monde qui sont nés avec les gènes de leurs grands-parents, héritant ainsi de quelque chose comme leur audace, leur goût de la vie et de l’aventure, leur manière de se comporter avec les petits, leur façon d’aimer les humains, les choses, la nature et finalement leur croyance. C’est toute une culture qu’ils ont perpétuée et dont une parcelle s’est rendue jusqu’à nous.
Descendance :
1. Élisabeth Giard s’est mariée avec Jacques Danquel Lamarche le 23 août 1688 à Montréal.
• Ils n’ont eu qu’une enfant, Jeanne Elisabeth, qui ne s’est pas mariée.
2. Catherine Giard s’est mariée avec Nicolas Jetté le 20 novembre 1690 à Montréal. Ils eurent 14 enfants dont 6 se sont mariés :
• Catherine à Jean Baptiste Boulerice le 9 janvier 1719 à Montréal.
• Marie Barbe à Simon Mongino le 22 octobre 1742 à Montréal.
• Nicolas à Marie Catherine Richard le 3 février 1728 à SaintFrançois de Longue-Pointe.
• Jean Baptiste à Marie Élisabeth Malaxe Lamarre le 6 juin 1735 à Montréal.
• Geneviève Thérèse à Séraphin Lauzon le 30 juillet 1731 à Montréal.
• Pierre à Marie Louise Marcot le 1 er août 1768 à Montréal.
3. Marie Anne Giard s’est mariée avec Pierre Guertin le 11 avril 1695 à Montréal. Ils eurent 12 enfants, dont 8 se sont mariés
• Gabriel à Marie Françoise Tétreau le 7 janvier 1723 à Contrecœur.
• Pierre à Marie Angélique Bory Grandmaison le 24 février 1721 à Contrecœur.
• Marie Catherine à Pierre Chagnon Larose le 7 novembre 1718 à Contrecœur.
• Marie Françoise à Pierre Daudelin le 7 juin 1724 à Verchères
• Maurice à Marie Anne Duhamel Sansfaçon le 15 août 1736 à Saint-Sulpice.
• Marie Rose à Daniel Chavigny Durand le 7 novembre 1740 à Saint-Sulpice.
• Marie Charlotte Charles à Jean Baptiste Laporte le 25 février 1743 à Saint-Sulpice.
4. Gabriel Giard s’est marié une première fois avec Marie Catherine Andegrave Champagne le 12 janvier 1699 à Montréal. Ils eurent 5 enfants, dont 3 se sont mariés.
• Marie Catherine à Nicolas Bonin le 24 octobre 1718 à Contrecœur.
• Louis à Marie Louise Benoit Livernois le 22 janvier 1731 à Verchères.
• Marie Charlotte à François Dragon Guay le 1 er février 1723 à Contrecœeur.
Gabriel Giard s’est remarié, cette fois avec Geneviève Favreau Deslauriers le 21 juillet 1710 à Contrecœur. Ils eurent trois enfants. Deux se sont mariés.
• François Richard à Marie Catherine Gareau Stonge le 13 avril 1750 à Contrecœur.
• Marie Antoinette à François Meunier Lapierre le 11 janvier 1740.
Gabriel Giard s’est encore remarié, cette dernière fois avec Suzanne Ménard Laporte le 5 octobre 1717 (on ignore la paroisse). Ils eurent 13 enfants. Onze se sont mariés.
• Basile à Marie Véronique Meunier Lapierre le 7 janvier 1744 à Contrecœur.
• Marie Cécile à Paul Meunier Lapierre le 7 janvier 1744 à Contrecœur.
• Félix à Marie Charlotte Langlois Germain le 19 octobre 1747 à Québec.
• Marie Suzanne à Joseph Gareau Stonge le 27 septembre 1745 à Contrecœur.
• Antoine Marie à Marie Angélique Amable Lamoureux le 8 janvier 1759 à Contrecœur.
• Marie Amable à Joseph Mercier le 7 octobre 1754 à Contrecœur.
• Gabriel à Marie Madeleine Lecompte Lavimodiere le 10 janvier 1757 à Contrecœur.
• Marie Suzanne à Joseph Lamoureux le 11 novembre 1754 à Contrecœur.
• Marie Angélique à Nicolas Dupont le 8 novembre 1751 à Contrecœur.
• Marie Josephe à Joseph Marie Chatel le 7 novembre 1757 à Contrecœur.
• Marie Marguerite à Pierre Bonin le 27 novembre 1758 à Contrecœur.
5. Antoine Giard s’est marié avec Marie Anne Lafontaine le 12 octobre 1734 à Kaskaskia. Ils eurent un enfant, Marie Catherine, qui s’est mariée à Jean Gabriel Serre le 24 janvier 1764 à Kaskaskia, au sud de la ville de Saint-Louis.
Rédaction : Yves Chevrier Recherche : Michelle Desfonds20
13GIARD, Nicolas (Louis & Michelle DAVID [2367]), né/born lieu dit de la Coussardière com Melleran, baptisé/baptized 1639-08-14 Melleran (Notre-Dame) (Deux-Sèvres : 79175)
* mariés/married 1665-11-17 Montréal
PRATTE, Claude (Jean & Agnès LEJEUNE [4354]), fille du roi (landry 359, dumas 317)/King's daughter (landry 359, dumas 317), née/born vers 1648 (rec. 1667), 1651 (rec. 1681) ou 1647 (sép. 1712)/about 1648 (census 1667), 1651 (census 1681) or 1647 (burial 1712) Troyes (Saint-Jean) (Aube : 10387), inhumée/buried 1712-08-21 Montréal
ADNmt/mtDNA prédite/predicted (lignée par les femmes/by female descendance only) : signature ci-dessous/signature below
1) Antoine, baptisé/baptized 1666-08-31 Montréal
2) Élisabeth, baptisée/baptized 1667-09-20 Montréal, inhumée/buried 1734-12-31 Pointe-aux-Trembles, marié/married Montréal 1688-08-23 Jacques DANQUEL ou DANGUEUIL dit LAMARCHE
3) Catherine, baptisée/baptized 1670-02-25 Montréal, décédée/dead 1755-10-06, inhumée/buried 1755-10-07 Montréal, marié/married Montréal 1690-11-20 Nicolas JETTÉ
4) Marie Anne, baptisée/baptized 1672-11-13 Montréal, marié/married Montréal 1695-04-11 Pierre GUERTIN
5) Gabriel, baptisé/baptized 1675-04-15 Montréal, décédé/dead 1753-02-10, inhumé/buried 1753-02-12 Contrecoeur, marié/married Montréal 1699-01-12 Catherine ANDEGRAVE, marié/married Contrecoeur 1710-07-21 Geneviève FAVREAU, marié/married (Québec) 1717 Suzanne MÉNARD dit LAPORTE
6) Jean, baptisé/baptized 1677-06-26 Montréal, inhumé/buried 1677-06-30 Montréal
7) Françoise, baptisée/baptized 1678-09-20 Montréal
8) Jeanne, née/born 1681-01-21, baptisée/baptized 1681-01-22 Montréal, décédée/dead 1681-05-28, inhumée/buried Montréal
9) Antoine, né/born 1682-03-28, baptisé/baptized 1682-03-28 Montréal, marié/married Kaskaskias (Illinois) 1734-10-12 Marianne LAFONTAINE ou DE LAFONTAINE
10) Michelle, baptisée/baptized 1684-09-10 Montréal
Bibliographie/Bibliography: Institut Francophone de Généalogie et d'Histoire (organisme dissous); La place des Aubois dans la colonisation de la Nouvelle-France; PRDH-RAB
Notes for Nicolas & Marie-Claude (Family)
10 enfants de cette union. Ménage établi a Montréal3